Est-ce l'âge d'or des jardins suspendus?
Lors de fouilles archéologiques effectuées autrefois, on a découvert que depuis l'aube de l'histoire on a planté des jardins suspendus dans les villes antiques, pour le profit exclusif des gens fortunés, des nobles et des rois.
Les jardins suspendus sont des jardins naturels qui ont l'air de flotter dans l'air car ils poussent sur des murs verticaux, sur des terrasses ou des balcons. Bien qu'il existe des preuves que déjà en 2113 avant notre ère, les Sumériens plantaient des jardins sur des terrasses et des tours, les jardins suspendus les plus célèbres du monde n'ont été créés qu'en 600 avant notre ère, ce sont les jardins de Babylone, qui font partie des sept merveilles du monde.
En plus de leur valeur artistique, esthétique et parfois fonctionnelle (pour les loisirs ou la culture de légumes par exemple), les jardins traditionnels d'autrefois étaient en quelque sorte des monuments destinés à transmettre un message important. En ces temps-là, les jardins servaient surtout à la commémoration, à des pratiques sacrées et religieuses, à démontrer la puissance et la gloire ou bien à exprimer l'amour.
Le roi Nabuchodonosor II a fait construire les jardins de Babylone par amour pour son épouse qui se languissait de sa région natale. Ils ont été plantés sur des terrasses en escalier dont la plus haute s'élevait à 25 mètres de hauteur, ce qui donnait l'impression qu'ils flottaient dans l'air. Bien qu'on n'ait pas retrouvé sur le terrain de traces matérielles indiscutables de leur présence, des écrits grecs antiques décrivent leur beauté et leur caractère exceptionnel.
Si vous avez envie de voir de vrais jardins suspendus de nos jours, il en existe de nombreux à travers le monde, naturels ou créés par les hommes, antiques ou modernes, qu'il est possible de visiter.
Il y a par exemple les jardins suspendus du luxueux Palais Borromée, sur l'île d'Isola Bella dans le nord de l'Italie. Les jardins, construits par Charles III Borromée, ornés d'une végétation luxuriante, de statues et de jets d'eau, se déploient sur dix terrasses majestueuses de différentes hauteurs. Charles III engagea les meilleurs architectes et artistes de la fin du 17e siècle et a transformé cet endroit en une « île-palais » avec ses jardins suspendus, à laquelle on a donné la forme d'un vaisseau, pour célébrer la puissance de la famille Borromée.
À Potsdam, en Allemagne, on peut admirer une colline faite de terrasses qui s'étendent sur 8,5 hectares, construite pour Frédéric le Grand et qui est un gigantesque jardin botanique. Chaque terrasse est divisée par des bandes de gazon et des arbres ornementaux, et au sommet de la colline se trouve le palais de Sans-souci orné d'une coupole turquoise. En bas des jardins suspendus qui attirent de nombreux promeneurs et touristes, se déploient des petits jardins à la française, avec des jets d'eau, des haies d'arbustes, des arbres fruitiers et des temples.
Il existe en Israël une version moderne des jardins suspendus, les jardins Baha'i, qui se déploient sur dix-neuf terrasses sur les pentes du mont Carmel à Haïfa. Ils sont un lieu sacré pour la religion Baha'i et représentent la mémoire historique et le centre actuel de cette communauté religieuse dans le monde. Grâce à la dynamique créée par la structure en terrasses, les jardins Baha'i offrent d'une part toute une variété de paysages, de styles et de sensations et d'autre part, un langage uniforme de symétrie élégante et parfaitement organisée.
Avec le temps, les jardins suspendus qui étaient un privilège réservé aux rois, aux nobles et aux puissants sont devenus accessibles à tous et à côté de l'aspect esthétique qui leur est propre, ils sont encore rattachés aux mêmes valeurs qui les accompagnent depuis l'antiquité : prestige et richesse, représentation d'un statut social élevé et qualité de vie.
De plus, l'importance des jardins suspendus en tant que réponse nécessaire au problème de qualité de l'environnement est de plus en plus évidente, surtout dans les villes souffrant d'un manque de terrains pour les espaces verts. Ces jardins permettent de créer des espaces verts et de faire pousser de la végétation dans des zones urbaines denses et dépourvues d'espace pour les jardins. Ils permettent ainsi d'améliorer l'isolation dans les immeubles, de réaliser des économies au niveau de la climatisation, de transformer le gaz carbonique en oxygène, d'utiliser l'eau de pluie, de diminuer la température dans la ville, etc.
À la suite de cette tendance, à travers le monde, les autorités locales de pays tels que les États-Unis, le Canada, Singapour, le Japon et peu à peu Israël, encouragent les entrepreneurs immobiliers à construire des immeubles avec des jardins suspendus sur leurs toits, leurs murs, leurs terrasses, etc. En Israël, ce phénomène prend de plus en plus d'importance, en particulier dans le centre-ville en plein renouveau de Jérusalem, qui souffre d'un manque d'espaces verts.
Dans le cadre de la nouvelle vision de la conception urbaine à Jérusalem, qui aspire à rassembler plusieurs fonctions dans un espace urbain donné qui deviendra un centre actif à toute heure du jour et de la nuit, l'accent a été mis sur l'exploitation maximale des ressources existantes dans la ville, en réunissant hôtellerie, commerce, habitat, institutions culturelles, transports publics et en même temps des jardins urbains suspendus, dans un même lieu.
Par exemple, dans le cadre de la conception architecturale de l'ensemble résidentiel HaNeviim Court, situé dans la rue Haneviim, au croisement des rues Eleni Hamalka et Monobaz, dans un complexe réunissant un hôtel boutique et un étage de commerces, il a été décidé de créer pour les résidents de l'immeuble un jardin verdoyant clos et privatif, au sol revêtu d'un deck en bois et décoré de nombreux coins où s'asseoir. Étant donné que le jardin est situé au-dessus de la place centrale qui sert d'entrée principale au complexe et qui est une zone publique, on a décidé d'ouvrir le jardin à son environnement extérieur et de le construire comme un jardin suspendu visible pour tout citoyen de la ville qui peut ainsi profiter de sa beauté.
Il se pourrait que des initiatives telles que celles décrites plus haut représentent le début de l'âge d'or des jardins suspendus.